La présence de minerai de fer, de bois et d'eau favorable à la production du fer explique le développement, sans doute depuis l'époque gallo-romaine, de nombreuses petites forges à bras autour du massif de la Charnie. Cependant, l'activité métallurgique ne se développe réellement qu'au XVIème siècle, grâce notamment à l’invention du haut fourneau, période à partir de laquelle la forge de Chemiré devient l'une des plus importantes du massif de la Charnie qui compte quatre fourneaux et quatre forges.
A Chemiré-en-Charnie, le site des forges se situe dans un endroit pittoresque, le long de la RD 4, au fond d’un vallon profond, étroit et sinueux, bordé de crêtes rocheuses, creusé par la rivière le Palais.
C’est à cet endroit qu’en 1494, le seigneur de Chemiré autorise 2 maîtres forgerons normands à creuser un étang le long de la rivière pour installer « une forge à fer ». C’est l’acte de naissance des forges de Chemiré.
Au 17e siècle, le site se divise en 3 ateliers. En amont, le haut fourneau et sa roue alimentée par un canal d’eau creusé dans la roche, et une halle à charbon de bois : le haut fourneau permettait la fusion du minerai extrait du sol des environs en fonte. Au centre, l’affinerie, le logis du maître de forge, des maisons ouvrières et diverses dépendances : l’affinerie assurait la transformation de la fonte en fer. En aval, la fenderie, partie de l’atelier où le fer était fendu en barre pour être vendu. Le fer produit était essentiellement destiné à la fabrication de clous.
L’usine, propriété du marquis de Sourches, était exploitée par un maître de forges.
La forge faisait vivre un nombre considérable de personnes dans la région, souvent très pauvres, mineurs, charretiers, bûcherons, charbonniers. Elle employait aussi des ouvriers spécialisés, maître fondeur, maître affineur, maître marteleur etc. Ces derniers étaient relativement bien payés car sur eux reposait la bonne qualité du fer produit. Elle faisait vivre enfin de nombreux marchands et artisans ou boutiquiers locaux (maréchaux ferrants, cloutiers, serruriers) qui venaient s’y approvisionner.
Malgré l’effort de modernisation entrepris dans la première moitié du 19e siècle, l’usine ne résista pas à la concurrence du charbon de coke. Devenue peu rentable, elle cessa de fonctionner en 1875 et les installations démolies.
De ces installations subsiste en particulier le logis du maître de forge, belle demeure des 17e et 18e siècles. En empruntant le sentier pédestre de la forge, on peut déceler, enfouies dans la végétation, les ruines informes d’une arche du haut fourneau. On découvre surtout le canal d’eau creusé dans la roche, intégralement conservé, qui, depuis le grand étang de Chemiré, alimentait en eau la roue du haut fourneau et épouse les courbes sinueuses du pied du coteau.