La plupart des abbesses d'Étival appartiennent aux premières familles nobles de la province du Maine (Beaumont, Brienne, Sillé, Bouillé, Laval, du Bellay, Cossé, Courtalvert, etc…). Trente et une abbesses se succèdent à la tête de la maison des bénédictines, jusqu'en 1790. Parmi elles :
- 1109 Godehilde, 1ere abbesse d'Étival, auparavant à l'abbaye du Ronceray d'Angers ; elle est la sœur de Raoul de Beaumont, le fondateur de l'abbaye.
- V. 1270 - 1300 Agnes Paganella, citée dans le martyrologe de l'abbaye St-Julien du Pré au Mans.
Deux événements principaux marquent sa gouvernance :
-En 1286, alliance des 2 familles parmi les plus puissantes du moment dans le Maine, par le mariage de Jeanne de Beaumont-Brienne, fille de Louis de Brienne et d’Agnès, vicomtesse de Beaumont, avec Guy de Laval. S’ouvre alors pour l’abbaye une période de relative prospérité qui se poursuivra sous l’abbatiat suivant.
-En 1294, donation par Robert, seigneur de Chemiré (en Charnie), pour satisfaire l’entrée de ses filles à l’abbaye d’Étival, d’un emplacement pour creuser un étang, construire un moulin et une pêcherie. Cette donation renforce la continuité territoriale du domaine de l’abbaye et son rang de puissance seigneuriale.
- 1302-1317 Héloïse, la gouvernance de l’abbesse Héloïse est surtout marquée par l’entrée en religion en1301/1302 de Catherine de Laval, fille de Guy VIII de Montmorency-Laval, seigneur de Laval, de Vitré et de Jeanne de Beaumont-Brienne, héritère de la châtellenie de Loué, elle-même fille d'Agnès de Beaumont, dernière decendante directe de la famille des fondateurs. Jeanne de Beaumont, à cette occasion, et sa mère Agnès, dans son testament rédigé vers 1301, accordent aux religieuses des dons et des privilèges seigneuriaux relativement importants.
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1463-1476 Marguerite de Bouillé, le 11 juin 1462 : procès porté au parlement de Paris après la mort de Jeanne de la Motte, abbesse d’Etival, entre Jeanne Bourelle, abbesse légalement élue et Marguerite de Bouillé, qui, soutenue par un certain nombre de religieuses, lui dispute et conteste la gouvernance. Entre 1461 et 1462, les partisans des deux prétendantes envahissent tour à tour l'abbaye, pillent, volent, incendient biens et bâtiments, mutilant plusieurs hommes et serviteurs de l'abbaye.
- 1477-1513 Jeanne de Laval. Sous sa gouvernance et après les guerres anglaises, l'abbaye connaît un profond renouveau. À son initiative, de nombreux travaux sont engagés : créatrion d'un nouvel étang près de l'abbaye ; reconstruction probable du chœur abbatial ; restauration de la plupart des bâtiments conventuels ; rénovation de plusieurs chapelles et commande de plusieurs statues de pierre. Le 25 avril 1511, jour de la Quasimodo, un incendie ravage les toitures du dortoir et du cloître.
- 1513-1533 Antoinette de Souvré, durant son abbatiat, le redressement de l’abbaye, initié par sa prédécesseur, se confirme. Les effectifs continuent de croître : l’abbaye compte alors une vingtaine de religieuses de chœur. Elle fait construire un nouveau corps de logis et aménage les jardins dans le goût de l’époque. Elle commande auprès d’un sculpteur angevin un autel en pierre de rairie dédié à Alleaume, fondateur de l’abbaye. Un dessin réalisé à la toute fin du XVIIe siècle par Louis de Boudan figure la pierre tombale d’Antoinette de Souvré avec son épitaphe.
- 1586-1613 Angélique Cossé de Brissac, demi-sœur de Charles de Cossé (1562-1621), maréchal de France, premier duc de Brissac, baron de Sillé et personnage très influent à la cour de France. Formée à l'abbaye de la Trinité de Caen. Elle tentera sans succès d’appliquer la réforme au sein de l’abbaye d’Étival. On lui doit la rénovation du logis abbatial.
- 1627-1660 Claire Nau, réformatrice. Elle introduit la réforme en 1636 mais rencontre une vive résistance auprès des religieuses ; l'accord se réalise sur un programme plus « raisonnable » en 1650. Elle fut moquée par Scarron dans le Roman comique (2nde partie, chap. XVI). À l'initiative de la restauration des bâtiments conventuels et de la création des Forges d'Étival (1651). L'abbaye compte alors 30 religieuses de choeur et atteint son effectif maximal.
- 1660-1674 Marie Françoise Elisabeth de Kerveno. En 1653, à la demande Claire Nau, Marie de Kerveno devient coadjutrice de l’abbaye d’Étival-en-Charnie jusqu’à sa prise de fonction en 1660. Comme Claire Nau, elle dut faire face à l’hostilité des religieuses. Dans le couvent et à l’extérieur, libelles et pamphlets ne cessent de circuler à son encontre. Fatiguée de toutes ces querelles, elle résigne l'abbaye en 1673 et la quitte de façon rocambolesque la nuit de Pâques 1674.
- 1726-1768 Marie Anne Charlotte de Rabodange, sous son abbatiat, les bâtiments conventuels sont en grande partie restaurés. (Démissionne en 1768; † mars 1776 à Paris, chez les religieuses du Précieux Sang, où elle s'était retirée)
- 1773 Madeleine de Bernart de Courmesnil, élève et amie de Madame de Rabodange. Présente en 1790 ; dernière abbesse d'Etival.